Le «Guide de l’éducateur» (1836-1845), magazine dirigée par Raffaello Lambruschini, en décrivant les écoles modèle de Hofwyl, auprès de Berne, insiste sur l’ « école rurale » pour les « enfants pauvres» et en souligne brièvement les caractéristiques. En Italie, on est encore loin d’une telle approche: celui qui habitait dans les campagnes, les zones de montagne et les petites îles ne suscitait certainement pas l’inquiétude éducative auprès des classes dirigeantes des Etats pré-unitaires dans lesquels la péninsule italienne Etait subdivisée. Les écoles, fréquentées non pas par les enfants des paysans mais par les enfants de la petite bourgeoisie rurale, n’existaient qu’auprès des municipalités qui avaient les ressources financières suffisantes pour payer un enseignant, souvent un ecclésiastique.
La Réforme Casati (1859) a introduit la mention “école rurale” qui distingue l’École en ‘urbaine’ et ‘rurale’ (en localité ayant une population au-dessous de 3000 habitants) à laquelle correspondaient divers salaires à attribuer aux instituteurs. Cependant, cette définition ne prenait pas en considération les diversités topographiques, géographiques, sociales et économiques qui caractérisaient l’Italie suburbaine. Les classes étaient formées sur la base des connaissances culturelles, et pas forcément sur la base de l’âge. Le seul âge contraignant était l’âge minimal de 6 ans pour pouvoir s’inscrire à la première classe.
On voit se répandre les associations telles que la Société d’éducation et d’instruction populaire (Pise, 1866), la Société Promotrice des Bibliothèques Populaires (Milan, 1867), le Comité ligurien pour l’éducation du peuple (Gênes, 1876), et l’Association nationale pour la fondation des écoles maternelles rurales (1867, parmi lesquels ressortaient des personnalités considérables telles que Terenzio Mamiani, Gino Capponi et Bettino Ricasoli) qui proposait d’instituer un cycle scolaire unique de 5 ou 6 années pour l’assistance d’enfants des deux sexes âgés de 3 ou 4 ans et les écoles primaires des pays ayant moins de 500 habitants.
La Loi Coppino de 1877 décide de manière plus rigoureuse à l’égard de l’obligation scolaire, en punissant par des amendes les parents défaillants, mais demeure de toute manière condescendante à l’égard des administrations municipales. Au cours des vingt dernières années du 19ème siècle, face à la carence de l’Etat d’équiper les municipalités des moyens qui auraient permis une réelle dissémination de l’alphabet, diverses initiatives visant à favoriser la conquête de l’alphabet de la part des plèbes exclues jusque-là du banquet de la culture ont été envisagées.
En conformité à la loi électorale de 1882, le droit de vote est octroyé à tous ceux qui ont obtenu le certificat d’études primaires, selon ce qui est prévu par la loi Coppino de 1877, indépendamment des conditions de cens. Par conséquent, l’instruction devient le moyen nécessaire à acquérir la citoyenneté politique, et l’alphabétisation devient le levier pour une approche au progrès réalisé grâce au rappel aux principes de volonté et de travail (thèmes présents chez Cuore ou Pinocchio), évitant des dangereuses revendications révolutionnaires.
Le 15 juillet 1906 la loi Mesures pour les provinces du Sud de l’Italie, pour la Sicile et pour la Sardaigne est approuvée ; la loi a été conçue par Sidney Sonnino, et permet d’instituer des écoles primaires inférieures de troisième classe rurale entièrement à la charge de l’Etat auprès des hameaux, des bourgades et des villages obligeant au moins 40 personnes à la fréquenter.
Ayant été présentée une première fois en 1910 par le ministre de l’instruction publique Edoardo Daneo, la loi a été approuvée l’année suivante par le nouveau ministre Luigi Credaro. La loi subdivisait les écoles en deux catégories: écoles des chef lieux de province, encore en gestion directe aux Municipalités; écoles de toutes les autres Municipalités, gérées par les Provveditorati agli studi. L’Etat était donc directement engagé dans l’organisation et la gestion de l’instruction primaire auprès des territoires économiquement et socialement plus faibles. La question de l’école «ayant des classes réunies sous un instituteur unique» était prévue au titre III, Réaménagement de l’école rurale unique et du cours populaire, où il est indiqué qu’un instituteur, sous certaines conditions, peut enseigner, dans différents horaires, à deux sections d’une même classe.
Suivant le R.D. 2410 du 31 octobre 1923 les écoles n’ont plus été subdivisées en ‘rurales’ ou ‘urbaines’, sur la base du nombre des habitants et des recettes fiscales des municipalités, mais en deux groupes: ‘écoles classées’ (auprès des municipalités et des hameaux qui avaient plus de 40 élèves soumis à l’obligation) et ‘non classées’ (gérées par les organismes et les associations culturelles délégués par l’Etat ouverts dans des lieux avec un nombre compris entre 40 et 15 élèves, qui n’avaient à leur disposition que le cours inférieur).
Les écoles ‘non classées’, moins onéreuses pour l’Etat, étaient gérées, en précédence déjà, par l’Œuvre contre l’analphabétisme, convertie par la loi du 31 octobre 1923 en Comité contre l’analphabétisme. Avec le Comité participent également d’autres institutions telles que le Groupe d’Action des Écoles du Peuple, l’Organisme national de culture, la Société Humanitaire, le Comité pour l’Education du Peuple, le Consortium National pour l’Emigration et le Travail, et l’Association Nationale pour les Intérêts du Sud de l’Italie en Italie.
L’exigence d’adapter également l’école pluri-classes au renouvellement des programmes et des horaires, qui a eu lieu le 1er octobre et le 11 novembre 1923, est joint à la nécessité de donner une instruction, le plus possible complète, à des étudiants qui ont à leur disposition un seul instituteur engagé au même temps à enseigner à la 1ère classe en alternance à la 2ème et à la 3ème classe.
Lombardo Radice, dans la rédaction des programmes est l’un des défenseurs des mérites de l’école pluri-classes où la pluralité des élèves est vue comme un facteur d’enrichissement.
Publication des Programmes d’études auprès des écoles primaires uniques mixtes rurales (arrêt du 21 janvier 1924), selon lesquels: «[…] Le Ministère veut faciliter la tâche de l’enseignant d’’une école unique, modifiant quelque partie du programme et suggérant des ajustements d’horaire, bien qu’il ne l’oblige pas à respecter rigoureusement ce qui est indiqué dans ledit arrêt. Pour ce faire, il joint un cadre d’orientation des heures de cours, en le rapportant à la durée normale de l’année scolaire qui sera toujours composée de 180 cours et se déroulera en 10 mois, comme dans les écoles urbaines, ou en 8 mois environ, comme il peut s’avérer parfois plus adapté aux exigences des centres ruraux, qui requièrent, en certaines périodes de l’année, la disponibilité aussi de la main d’œuvre des enfants, ou dans lesquels le climat rend difficile, même impossible, l’assiduité des élèves à l’école, en certaines périodes de l’année»
Les expériences de Villa Montesca et de Rovigliano des barons Franchetti, celle de l’Agro Romano et les pratiques d’enseignements tessinois de Maria Boschetti Alberti, avaient donné aux expériences de l’école rurale un caractère complètement divers par rapport à celui du Risorgimento.
Dans la pensée pédagogique de Giuseppe Lombardo Radice (jadis exprimée dans Cours d’enseignement, de 1913) l’école rurale est en mesure de concurrencer avec les écoles urbaines et d’en dépasser quelques limites: à la campagne la subjectivité et l’esprit de l’élève pouvaient être plus libres et spontanés. C’est surtout après la publication de Athena Fanciulla (1925), qu’auprès de la communauté politique et scientifique éducative s’élève le niveau d’attention autour de l’école rurale qui devient le thème central de la réflexion pédagogique italienne.
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Par la liquidation de l’associationnisme professionnel (Loi no. 563 du 3 avril 1926), la constitution de l’Association nationale fasciste de l’école primaire, et l’institution de l’Œuvre Nationale Balilla (Loi no. 2247 du 3 avril 1926) maintes écoles ‘non classées’ (477 écoles rurales et les cours du soir) deviennent Ecoles Rurales Œuvre Nationale Balilla.
Au cours de la deuxième moitié des années 30, l’école rurale intercepte les attentions des intellectuels et de l’autorité politique qui édicte le R.D.L. no. 1196 du 20 juin 1935 et le R.D.L. no. 177 du 14 octobre 1938, les deux en parfaite syntonie avec le tournant gravé en février 1939 par la 9ème Déclaration qui donnait la distinction officielle (dans les programmes, dans les réglementations et dans les méthodes) entre école rurale et école urbaine, tel qu’il sera établi ensuite dans la Carte de l’école voulue par Giuseppe Bottai (1941).
«L’Ecole maternelle discipline et éduque les premières manifestations de l’intelligence et du caractère, de la 4ème à la 6ème année. L’Ecole primaire, de la 6ème à la 9ème année, se distingue, dans ses programmes, dans les règlements, dans les méthodes, en école urbaine et école rurale; et donne une première formation concrète du caractère. L’Ecole du travail, de la 9ème à l’11ème année, suscite, par des entraînements pratiques organiquement insérés dans les programmes d’études, le goût, l’intérêt et la conscience du travail manuel».
«Tous les citoyens ont égale dignité sociale et sont égaux devant la loi, sans aucune distinction de sexe, de race, de langue, de religion, d’opinions politiques, de conditions personnelles et sociales. Il est du ressort de la République de retirer les obstacles d’ordre économique et social, qui, limitant de fait la liberté et l’égalité des citoyens, empêchent le plein développement de la personne humaine et l’effective participation de tous les travailleurs à l’organisation politique, économique et sociale de l’Italie». Constitution de la République italienne. Article 3. Le deuxième alinéa de l’article 3 de la carte fondatrice impose non seulement l’égalité de tous les êtres humains, mais également le retrait de ces obstacles qui empêchaient la pleine réalisation de la personne humaine: fréquenter le cycle entier de l’école primaire ne peut pas être un privilège, mais c‘est une condition minimale de citoyenneté.
Le ministre démo-chrétien Guido Gonella installe une commission d’étude des programmes de l’école pluri-classes, à laquelle participent des figures d’autorité de la pédagogie italienne de l’époque parmi lesquels Gino Ferretti, Carmelo Cottone, Giorgio Gabrielli.
Dans la République Italienne nouveau-née on sent encore la nécessité des écoles rurales, jusqu’au point que le rapport du 8 avril 1949 qui exposait les résultats de l’enquête nationale sur les conditions de l’École «a mis en évidence le souhait général, de la part de ceux qui ont rempli les réponses, de voir l’école rurale accrue et développée, lui permettant un règlement autonome et souple, satisfaisant ses exigences numériques et environnementales, mais également les caractéristiques des populations rurales, de l’économie des diverses zones». Les révisions administratives inhérentes les écoles de campagne font en sorte que, au cours des dernières années, l’adjectif ‘rural’, désuet désormais, sera remplacé graduellement par le terme plus technique : ‘pluri-classes’.
Roberto Mazzetti publie le «Manifeste pour l’école rurale», un programme d’intervention par lequel le pédagogue propose des améliorations à apporter à l’école primaire répandue dans les campagnes italiennes.
«Dans l’école maternelle le nombre minimum des inscrits à chaque section est établi à quinze enfants. Ladite limite est réduite jusqu’à dix enfants pour les sections uniques opérationnelles auprès des Municipalités de montagne et des petites îles. Dans l’école primaire le nombre minimum des élèves pour chaque classe est établi, normalement, à quinze enfants, nombre qui peut être réduit jusqu’à dix […]»
«Des dérogations concernant la limite minimale d’inscrits pour chaque section auprès des complexes scolaires et des classes, ou pluri-classes, uniques auprès des Municipalités de montagne et des petites îles ont été établies, pourvu que le nombre d’enfants dans chaque classe est de six enfants au moins. Dans l’école secondaire de 1er degré des classes uniques peuvent être constituées pour chaque année de cours, ayant un nombre d’élèves inférieur aux valeurs minimales établies, mais de toute manière, plus de dix élèves […] auprès des Municipalités de montagne, dans les petites îles ou dans les zones géographiques habitées par des minorités linguistiques. […] Le nombre minimal d’élèves peut être réduit jusqu’à huit élèves dans les petites îles et auprès des Municipalités de montagne qui se trouvent en situation de grave inconfort à cause de la hauteur des zones habitées, des conditions des reliefs, de la distance de sièges scolaires voisins et de la condition des voies de communication.»
«L’articulation modulaire de groupes d’élèves provenant de la même classe ou de classes diverses ou d’années de cours diverses » permet de gérer de manière flexible le calendrier scolaire, les horaires hebdomadaires et quotidiens, l’articulation des groupes ; les petites écoles de montagne peuvent adopter des solutions flexibles non seulement entre classes diverses, mais également entre complexes voisins, en organisant des regroupements de classes pour un certain nombre d’heures hebdomadaires en allégeant ainsi les inconforts dus aux déplacements»
La hausse du nombre minimal d’élèves nécessaires pour l’institution de la classe a été établi (15 élèves pour l’école primaire) et les pluri-classes (à instituer dans les zones défavorisées et dans les municipalités de montagne) sont comprises en un nombre de 8 à 18 élèves. L’institution de la pluri-classe n’envisage pas des seuils inférieurs dans les zones de montagne, étant celle-ci une possibilité réservée juste aux écoles des zones les plus défavorisées. Par conséquent, le seuil maximal de dix-huit élèves pourrait signifier l’institution de pluri-classes uniques auprès des communautés plus petites.
Auprès des écoles opérationnelles dans les petites îles , auprès des municipalités de montagne, dans les zones habitées par des minorités linguistiques, dans les zones à risque de déviances des mineurs ou caractérisées par la présence considérable d’élèves ayant des particulières difficultés de l’apprentissage et de la scolarisation, les régions et les organismes locaux concluent des conventions avec MIUR pour l’institution de centres scolaires digitaux reliés fonctionnellement aux institutions scolaires de référence moyennant l’utilisation des nouvelles technologies (Loi no. 221/2012).
Des lignes directrices pour renforcer l’autonomie des institutions scolaires ont été envisagées, également par le biais de la redéfinition éventuelle des aspects reliés aux transferts des ressources aux institutions scolaires, sur l’acheminement préalable d’un adéquat projet expérimental. Les lignes directrices sont finalisées à définir, pour chaque institution scolaire, un «personnel de l’autonomie» et, se référant aux réseaux territoriaux d’écoles, d’ un «personnel de réseau». La détermination de la consistance numérique maximale des personnels des autonomies et de réseau est réglée par un décret MIUR-MEF émis tous les trois ans, sur la base de la prévision de l’évolution démographique de la population en âge scolaire.
Mesures pour supporter et valoriser des petites municipalités: l’Assemblée du Sénat approuve définitivement le projet de loi no. 2541 qui contient un ensemble de mesures destinées aux petites municipalités et au réaménagement et à la réhabilitation des centres historiques. L’art. 15 en particulier «prédispose le Plan pour l’instruction destiné aux zones rurales et de montagne, en prêtant une particulière attention à la connexion des complexes scolaires situés auprès des zones rurales et de montagne, à l’informatisation et à la digitalisation progressive des activités didactiques et administratives qui s’exercent auprès des complexes mêmes».
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